Depuis 2003, date de sa création, la société Sanuk Games s'est spécialisée dans le développement et l'édition de jeux vidéo à destination du grand public. Nous devons à leur équipe de développement des titres comme Code De La Route (Wii), Countdown (Wii) ou plus récemment Spot The Différences : Party ! (Wii U) qui n'ont pas franchement marqué la critique de leur empreinte. Pourtant, l'entreprise thaïlandaise d'une vingtaine de salariés créée et gérée par Yan Marchal compte à ce jour plus d'une soixantaine de softs à son actif, toutes activités confondues, et possède deux maisons d'édition, dont une en France. Mais si leur compétence d'activité tend à s'étoffer et à s'implanter dans divers pays au fil des années, c'est bien une équipe asiatique qui est en charge du développement de leurs softs. Leur dernier né, Bombing Bastards, n'y fait pas exception et vient tout juste de rejoindre le catalogue de titres disponibles via le service eShop de la Wii U.       

Pour faire simple, Bombing Bastards se présente sous la forme d'un Bomberman-like. Les joueurs y incarnent une sorte de robot-exploseur sur une roue à la solde du terrible Dr. Wallow dont le seul véritable objectif semble de conquérir la galaxie à grands coups d'explosifs. Si vous trouvez ce synopsis édulcoré et bien sachez qu'il s'agit là du seul semblant d'histoire que vous trouverez au sein du titre. Pas la peine non plus d'espérer la moindre introduction en anime, en images de synthèses, ou en images fixes. Bombing Bastards plongera directement le joueur dans le premier tableau. Après tout c'est à lui de faire le boulot.

Car vider les cinq planètes qui composent la galaxie de tous ses habitants ne sera pas une mince affaire. Ces mondes, composés chacun de cinq stages et d'un boss, possèdent la particularité d'avoir leurs propres environnements. Si l'on débutera l'aventure sur une planète à la végétation luxuriante, on passera ensuite par des mondes de glace ou de lave. Du classique, à l'image des musiques célèbres électroniquement massacrées par Samuel Safa et qui ne collent pas vraiment à l'action. Et de l'action, il va y en avoir puisque l'on va devoir se retrousser les manches pour venir à bout des trente labyrinthes qui composent le jeu. En effet, si les ennemis n'ont rien d'extraordinaire esthétiquement parlant, il en est tout autrement de leurs réactions. Si certains rares spécimens mettent un certain temps à réagir, le reste de la faune locale est bien plus alerte, prête à piéger le joueur au moindre faux pas. Si bien que l'on ne progressera qu'à tâtons au fil des niveaux, à la recherche de son arsenal aux effets cumulatifs.

Vous l'aurez compris, jouer à Bombing Bastards n'a rien de très plaisant, le jeu est même plutôt sadique lorsqu'il se permet de changer aléatoirement la carte du stage à chaque game over, ne laissant aucunement le joueur apprendre de ses erreurs. Sadique, il l'est aussi lors de nos confrontations avec les boss. Ces derniers sont d'ailleurs beaucoup plus convaincants tant par leur design que leurs patterns. Là, nous nous retrouvons devant une phase de die and retry, le niveau ne changera pas radicalement à chacune de nos morts et l'on se dit que l'on pourra enfin faire parler notre talent naturel pour le jeu vidéo. Seulement, c'est une fois dans le feu de l'action que l'on comprend la triste vérité. Les combats contre les boss suivent un schéma bien précis, si bien que le joueur sera régulièrement amené à calculer ses déplacement à la seconde près afin d'exploiter la seule petite ouverture qui permettra d'infliger des dégâts. Une mécanique de jeu bien connue des fans de manic-shooter mais qui n'a pas sa place dans ce style de jeu, d'autant que la jouabilité souffre de petits défauts qui influent sur la précision de nos déplacements. Le plus ennuyeux est certainement le placement de la caméra, qui, positionnée un poil trop bas, ne nous permet pas d'apprécier correctement les distances. Et puis il y a cette hit-box, l'endroit que doit toucher votre adversaire pour vous éliminer (en un coup s'il vous plaît), qui semble un peu dépasser du dos de notre petit robot. Ces deux défauts majeurs et évitables mis bout à bout gâchent complètement l'expérience de jeu solo. Associez y des boss complètement cheatés et une difficulté exacerbée, vous comprendrez alors que jouer seul à Bombing Bastards n'a rien de très jovial, surtout en off-TV où le son ne sort même pas des enceintes du Gamepad.

Pourtant, un soin tout particulier a été apporté à l'écriture des lignes de dialogue du Dr. Wallow. Le scientifique, directement inspiré du Professeur Willy de Megaman, n'hésitera pas à apporter un peu de cynisme à vos parties en lançant des commentaires à l'humour noir très particulier. On aimera ou pas, toujours est-il que le doublage de David Goldfarb fait le boulot et nous fait clairement ressentir que l'on est du côté obscur de la Force. Il est juste dommage que le tout ne soit pas traduit, le titre étant exclusivement en Anglais, et que le public risque donc de passer à côté d'une telle prouesse.

Maintenant penchons nous rapidement sur le mode multijoueur qui a fait le succès de Bomberman. Mis à part les défauts inhérents cités un peu plus haut dans l'article, le jeu reprend la recette de son illustre aîné à l'identique, le design kawaï en moins. Si bien qu'en l'absence de la série de Hudson Soft sur Wii U, Bombing Bastards s'impose dans un genre maintenant délaissé par les joueurs comme par les éditeurs. Ce qui est plutôt dommage, car s'il est loin d'être irréprochable, le soft de Sanuk Games nous propose tout de même de jouer jusqu'à cinq en local (et jusqu'à huit en comptant les robots contrôlés par la console). Entre l'effet Mario Kart 8 et le retour de Super Smash Bros. en fin d'année, on n'ose imaginer la dynamique qu'aurait pu créer un mode online s'il avait été implanté au jeu. Malheureusement, ce manquement étouffera certainement le projet qui aurait pu bénéficier d'un bon bouche à oreille.

En l'absence d'un véritable Bomberman, la société Sanuk Games nous livre un jeu certes bancal, mais qui a le mérite de relancer un genre tombé dans l'oubli depuis Bomberman Blitz sorti en 2009 sur DSiWare. Malheureusement, son gameplay perfectible et surtout le manque d'un mode en ligne qui aurait pu s'avérer redoutable, vient gravement noircir le tableau. Si l'on ajoute à cela que l'ambiance de Bombing Bastards n'aide pas le joueur à s'attacher outre mesure au jeu, à son univers, ainsi qu’à ses personnages, on ne peut que deviner le funeste destin du titre qui n'a pourtant aucun ennemi sur son chemin.

 

On aime :

  • Un Bombeman-like !

  • Réalisation correcte

  • Jusqu'à cinq joueurs en local.

On n'aime pas : 

  • La difficulté vraiment relevée

  • Une caméra un poil trop basse

  • Pas de son en off-TV

  • Où sont les modes en ligne ?

 par Damien5011